Quitter son emploi et le faire savoir : voici la nouvelle tendance qui a bouleversé l'univers des ressources humaines. On parle de « loud quitting », de « rage applying » et de « conscious quitting » : un phénomène qui séduit de plus en plus d'employés. Mais il serait difficile d'en dire autant pour les entreprises. Focus sur un mode de démission qui ne passe pas inaperçu !
Le loud quitting : le phénomène de la démission « bruyante »
Cette expression désigne une démission ostentatoire : une manière de quitter son poste et de manifester son insatisfaction publiquement. Les employés ayant choisi cette démarche postent des témoignages virulents sur les réseaux sociaux. Ils y expriment leur colère face aux méthodes de gestion des équipes. Instagram, Tiktok, Facebook ou Linkedin, ils utilisent tous les médias sociaux pour mettre en exergue le comportement abusif de leurs managers. Selon les dernières actualités Rh que vous pouvez découvrir sur le glossaire Dico RH , 18% des salariés qui ont démissionné en 2023 ont opté pour le loud quitting.
Ces démissionnaires empruntent cette voie dans l'espoir d'inciter l'entreprise à revoir son approche managériale et à améliorer le climat de travail pour les générations futures. La même étude a montré qu'un salarié sur cinq souffre d'une atmosphère professionnelle oppressive. Cela se traduit par un désengagement ressenti par 93% des employés en France. Les Français apparaissent alors parmi les salariés les moins engagés de tous les pays européens.
Néanmoins, certains utilisent le loud quitting pour obtenir des avantages et faire du chantage aux dirigeants, la démarche portant atteinte à la réputation de l'entreprise. La plupart du temps, ces tentatives d'intimidation finissent par aboutir.
La transition inévitable du quiet au loud quitting
Si les démissions discrètes ont cédé la place au loud quitting, c'est grâce au pouvoir des réseaux sociaux. Ces médias digitaux ont facilité la prise de parole et permis de transmettre ces messages de contestation à une vitesse spectaculaire. Il y a quelques années, les employés quittaient leur poste dans la honte et le désarroi. Même s'ils font l'objet d'une grande injustice, ils préfèrent se retirer en silence et essayer de trouver une meilleure opportunité. Aujourd'hui, les mentalités ont bien changé ! La génération Z a décidé de faire entendre sa voix et de défendre ses droits dans le monde du travail.
Ce phénomène n'est pas sans rappeler le mouvement « Balance Ton Porc » initié par les femmes victimes d'abus sexuels et moraux. Cette révolte féminine a fortement inspiré la nouvelle génération de salariés aspirant à des changements positifs et à des conditions de travail plus humaines. En affichant leur frustration sur les médias sociaux, les démissionnaires dénoncent le manque d'appréciation, le dépassement d'horaire non rémunéré et l'attitude tyrannique des managers. Ce cri du cœur a poussé de nombreux établissements à se remettre en question en repensant les compétences nécessaires dans une entreprise. Désormais, le bien-être au travail n'est plus une idéologie abstraite mais une condition incontournable dont tous les employés doivent bénéficier.
Entreprises : comment lutter contre le loud quitting ?
Pour éviter ces événements dévastateurs pour la réputation de l'entreprise, les dirigeants doivent comprendre les raisons du désengagement. En réalité, les employés se déconnectent du travail pour préserver leur stabilité mentale. Ils dénoncent un manque de reconnaissance les laissant en proie à un désespoir qui s'accentue au fil des mois.
Les entreprises n'ont alors d'autre choix que de repenser les nouvelles tendances RH et les méthodes managériales déployées. Et c'est en redonnant à l'employé une place centrale et humaine au sein du système entrepreneurial qu'on peut créer un climat de travail propice à l'épanouissement. Les dirigeants doivent se montrer à l'écoute de leurs employés, saisir leurs besoins voire les anticiper. Plus encore, ils doivent leur faire comprendre, de manière tangible, qu'ils sont vus, entendus et appréciés à leur juste valeur.
Pour cela, il faut miser sur le dialogue en essayant de rétablir une confiance bilatérale entre les différents niveaux hiérarchiques. Car en réalité, les dirigeants ont tout à gagner à fidéliser les salariés compétents et à renforcer chez eux le sentiment d'appartenance à l'entreprise. Contrairement aux anciennes générations, la Gen Z ne se contente pas d'accomplir les tâches qui lui sont assignées. Ces salariés sont en quête de sens au travail ; un sens qu'ils ne peuvent acquérir qu'à travers une rémunération juste, un équilibre entre vie personnelle et professionnelle et la possibilité d'évoluer au sein de l'entreprise.
La formation professionnelle apparait, dès lors, comme l'un des leviers les plus puissants pour motiver les équipes. La vrai définition RH consiste alors à donner aux ressources humaines un rôle essentiellement centré sur la satisfaction des employés.